L’ancien établissement de bains :
la fontaine de Souvré ou de Salut
La première description que l’on ait de cette fontaine dite de Souvré date du milieu du 18e siècle. « Souvré » est l’un des titres des seigneurs de Rébénacq, les Le Tellier, fils et petits-fils de Louvois. Avaient-ils participé à l’aménagement de cette fontaine ? Ce n’est qu’une hypothèse.
En 1747 : Théophile de Bordeu est mandaté pour constater « l’état actuel des eaux minérales de la généralité d’Auch » dont dépend le Béarn. A l’époque existent à la fontaine de Souvré uniquement un bâtiment, un bain et un tuyau de fer. Bordeu prédit qu’en faisant à cette fontaine « quelques menues réparations », elle « gagnerait en réputation » car ses eaux sont assez abondantes, douces « comme les Douces de Bagnères » (à savoir la fontaine de Salut), tièdes et sans goût prononcé. Elles sont alors utilisées « pour se rafraichir, pour calmer la raréfaction des humeurs, pour obstructions légères etc. »
L’entrée d’une salle aux (anciens) bains de Bagnères porte le nom de la fontaine « Salut » qui a été repris pour Rébénacq
Cette ressemblance avec les eaux de Bagnères-de-Bigorre la fera dès lors surnommer souvent « fontaine de Salut ».
Au 18e siècle, il s’agit d’une pratique populaire, les personnes qui la fréquentent sont les habitants des alentours. Le curé Pierre de Bitaubé, en 1768, écrit qu’elle a « beaucoup plus de mérite que de réputation », narrant, sans doute avec un certain chauvinisme, que des personnes ayant fréquenté les grandes stations thermales, en vain, ont trouvé la guérison en fréquentant ces bains locaux.
En 1790, le toit du bâtiment est écroulé. Un propriétaire du voisinage, en échange d’une demande de dérivation du Néez pour un canal d’amenée d’eau au moulin qu’il fait construire promet au conseil municipal de Rébénacq de reconstruire ce bâtiment, d’en garder une clé pour son propre usage et de remettre l’autre à la commune. Or s’il obtient ce droit d’eau, il n’engage aucuns travaux.
Au printemps 1810 (très probablement), lors de grandes inondations, le lieu est totalement ruiné. Plusieurs habitants font une pétition pour obtenir de la commune le droit de réédifier des bains à cet endroit, sous condition qu’on leur en laisse durant un temps limité la jouissance pour rentrer dans leurs frais. Ce qui est accepté par la municipalité. Toutefois, cette décision n’est suivie d’aucun effet, semble-t-il.
1831 : nouvelle pétition, cette fois adressée par 53 chefs de maisons au préfet du département, avec quelques confusions thérapeutiques. Semble-t-il sans aucun succès non plus.
1855 : une propriétaire dont la maison, récente, se trouve à proximité immédiate, demande l’autorisation de faire construire un établissement de bains à l’emplacement de la fontaine de Salut. Elle y est autorisée, mais une fois encore aucune réalisation ne s’ensuivra.
Vers 1865, sous l’impulsion du maire, le projet d’un établissement de bains communal voit le jour, dans un double but « soigner les malades et enrichir la commune ».
Plans et devis commencent à arriver, mais faute de moyens financiers, le démarrage des travaux est retardé. Ventes de terrain communal ou de coupe de bois sont réalisées dans ce but.
1870 : la guerre entre la Prusse et la France, où celle-ci est défaite, entraine la chute du second Empire. Napoléon III est emprisonné en Allemagne avant de rejoindre son épouse Eugénie de Montijo qui s’est réfugiée en Angleterre.
Simultanément, toutes les communes sont sollicitées pour soutenir l’effort de guerre (habillement, équipement et soldes des soldats), et Rébénacq verse une grande partie de ses recettes consacrées à l’édification des bains. Il s’agit d’une forme d’emprunt puisque cette somme sera, de fait, restituée ultérieurement à la commune.
1876-1878 : édification de l’établissement des bains, accompagnée d’appels à donation (2 souscriptions successives).
Septembre 1877 : ouverture au public envisagée comme proche : cinq baignoires, un appareil pour douche et une buvette sont opérationnelles.
Mars 1878 : constat d’un bilan financier négatif.
- Budget prévisionnel : 5330 F
- Coût de la réalisation : 9894,57 F
- Causes : devis ayant augmenté entre 1865 et 1878, souci du prestige (pierres d’angles etc.), imprévisions multiples, matérielles (chaudière, escalier etc.) ou au niveau de fonctionnement (employée aux bains etc.)
1878 : tentative d’épuration des dettes : projet d’affermage pour 5 à 8 ans de l’établissement de bains (en fait aucun candidat ne se porte pour une durée aussi longue), emprunt parmi les plus fort imposés de la commune.
1884 : proposition acceptée par le Conseil municipal de mise en vente de l’établissement à un particulier.
1898 : adjudication de l’établissement de bains. Acquisition par M. Jean-François Palisses.
Utilisation comme bains publics jusqu’à la guerre de 14-18 puis transformation en logement pour le contremaître de la scierie et marbrerie Palisses située à proximité.
Une carte postale (avant 1907) montre à gauche les bains réalisés et plus loin l’usine Palisses. La plaque au-dessus de la porte indique : « Eau minérale, anti-nerveuse, bains douches ».
1981 : vente à des particuliers à usage d’habitation.
2017 : bâtiments loués pour l’installation du « Centre de bien-être Eugénie ».